Visite audio spatiale @Vooruit - permanent
Kunst Veredelt est une promenade audio sur les histoires et récits connus et oubliés de la salle des fêtes de Vooruit, à Gand. Voyagez en tant qu'auditeur d'un espace à l'autre et assistez à des conversations entre des socialistes historiques et des penseurs contemporains, des artistes progressistes et des historiens féministes, des militants et des clients réguliers du Café.
Deogracias Kihalu a élaboré la partie #12 compagnie de la Ruzizi pour cette visite audio. Il a créé un oeuvre et un poème lié à l'histoire d'Edward Anseele. Il a été chargé en1927 de se rendre dans la région frontalière du Congo et du Burundi afin de cartographier les terres les plus appropriées pour l'expansion du réseau d'usines rouges de Vooruit.
Un poème de Deogracias Kihalu, traduction d'Andy Van Kerschaver
Carnet de route
des papiers noirs sur blanc
nos yeux focus à un passé capitaliste
qui est à la fois présent
et qui nous hante
des papiers noirs sur blanc
tapés à l'ancienne
avec la machine à écrire
d'où l'on voit des ratés, des flous
des taches d'encre
des chevauchements des lettres,
des chiffres
tels un cosmopolite en papier
criant lisez-nous!
des papiers noirs sur blanc
parchemin d'une réalité morne
qui était encore dans le brouillard
sous la couverture de l'oubli
loin de nos regards
des papiers noirs sur blanc
rapports, comptabilités, lois
inquiétudes, déclarations
statuts sociaux, instructions, mesures
sceaux, chansons
et programme coloniale
des papiers noirs sur blanc
méli-mélo des mots qui nous consolent
s’ils peuvent amener la terreur
ils peuvent aussi nous amener la paix, la réparation
et la force de rebondir
sans pour autant gommer
les déchirures du passé
en essayant de bien nommer
les choses
pour nous amener
vers un meilleur
des papiers noirs sur blanc
une carte géographique s’affiche
fait à la main
crayons: rouge, bleu, brun, gris, vert
griffonnement des mots
en manuscrits écrit:
coton
nyakagunda camp
réserve indigène
peuple tropical en mouvement
sous le soleil accablant de l'Afrique
ça crie de partout
travail imposé
jetant sueur tout au long de ses bras
bien musclés
à la houe
au sol
on entend les pieds nus tapoter
les haches et les houes gratter
entre pierres et terre
en labourant
résonant au rythme de tam-tam kasaïen
l’odeur de la fatigue sur place
pioche après pioche
un pas en avant, l’autre qui suit
des milliers et des milliers se croisent
coton à la main
phpa! pah-pah-pha-poh-phpa!
en ce moment
les bruits les plus paisibles
et les chansons des oiseaux
et la danse la plus charmante
est celle des ombres en mouvement
tous les rêves et attributs envolés, loin
partis à l’aube
emportés par le vent de l’occident
poussière
vapeur et fumée
Reisdagboek
zwart op wit papier
onze ogen gericht op een kapitalistisch verleden
dat bij ons is
en ons achtervolgt
zwart op wit papier
gedrukt
met een ouderwetse schrijfmachine
waarop we fouten zien, vervagingen
inktvlekken
overlappende letters
en cijfers
als een papieren metropool
die schreeuwt: lees mij!
zwart op wit papier
geschriften van een sombere waarheid
mistig nog
onder de mantel van vergeetachtigheid
uit ons zicht
zwart op wit papier
rapporten, rekeningen, wetten
bezorgdheden, verklaringen
sociale statuten, instructies, maatregelen
zegels, liederen
koloniaal programma
zwart op wit papier
wirwar van woorden die ons troosten
die ons schrik aanjagen
die ons rust brengen, herstel
en de kracht om weer recht te veren
om te proberen de dingen
juist te benoemen
zonder de barsten in het verleden
te verbloemen
ze nemen ons mee
naar een beter morgen
zwart op wit papier
een handgemaakte geografische kaart
wordt opgehangen
kleurpotloden: rood, blauw, bruin, grijs, groen
gekrabbel
in manuscripten:
katoen
nyakagunda-kamp
inheems reservaat
een tropisch volk in beweging
onder de brandende Afrikaanse zon
overal geschreeuw
gedwongen arbeid
die het zweet
langs gespierde armen
naar de schoffel laat vloeien
en daar, op de grond
horen we blote voeten ploffen
bijlen en schoffels krasselen
tussen stenen en aarde
ploegend
op het ritme van de Kasaïaanse tam tam
er hangt een geur van vermoeidheid
slag na slag
een stap vooruit, nog een stap
duizenden en duizenden door elkaar
katoen in de hand
phpa! pah-pah-pha-poh-phpa!
op dit ogenblik
de meest vredige geluiden
en het gezang van vogels
de meest gracieuze dans
is die van bewegende schaduwen
alle dromen en karaktertrekken weggevlogen, ver weg
verdwenen bij zonsopgang
meegenomen door de westenwind
stof
damp en rook